mercredi, avril 17, 2019

Véranda(h)

Véranda (h) 

Substantif féminin (lien ici )

Étymol. et Hist. a) 1758 « galerie couverte établie sur la façade d'une maison » (J. H. GroseVoy. aux Indes Or. [trad. de l'angl. par Hernandez], p. 74 ds König, p. 209: [les maisons] ont une espèce de colonnade au dehors [...] que les Portugais appellent Vérandas); b) 1844 « galerie vitrée adossée à une maison, servant généralement de petit salon » (BalzacModeste Mignon, p. 11: une véranda projette sa cage de verre sur la façade). Empr., par l'intermédiaire de l'angl.veranda(h) (dep. 1711 ds NED; 1757, GroseVoy. E. Indies, p. 84, ibid.: A penthouse or shed, that forms what is called in the Portuguese Lingua-franca Verandas), au hindi mod. varandā , lui-même empr. au port. varanda « balcon, balustrade », att. dep. la fin du xves., d'orig. incertaine (Mach.Da Cunha), que le FEW (t. 18, p. 129b et t. 14, pp. 172b-173) fait remonter au lat. vara « poutre ».



Son  H lui donne son cachet exotique.

Son charme vient de ce qu'elle confond, unit, mélange l'intérieur et l'extérieur. 

Cadre idéal pour dessiner.


La vérandah

Au tintement de l'eau dans les porphyres roux
Les rosiers de l'Iran mêlent leurs frais murmures,
Et les ramiers rêveurs leurs roucoulements doux.
Tandis que l'oiseau grêle et le frelon jaloux,
Sifflant et bourdonnant, mordent les figues mûres,
Les rosiers de l'Iran mêlent leurs frais murmures
Au tintement de l'eau dans les porphyres roux.

Sous les treillis d'argent de la vérandah close,
Dans l'air tiède, embaumé de l'odeur des jasmins,
Où la splendeur du jour darde une flèche rose,
La Persane royale, immobile, repose,
Derrière son col brun croisant ses belles mains,
Dans l'air tiède, embaumé de l'odeur des jasmins,
Sous les treillis d'argent de la vérandah close.

Jusqu'aux lèvres que l'ambre arrondi baise encor,
Du cristal d'où s'échappe une vapeur subtile
Qui monte en tourbillons légers et prend l'essor,
Sur les coussins de soie écarlate, aux fleurs d'or,
La branche du hûka rôde comme un reptile
Du cristal d'où s'échappe une vapeur subtile
Jusqu'aux lèvres que l'ambre arrondi baise encor.

Deux rayons noirs, chargés d'une muette ivresse,
Sortent de ses longs yeux entr'ouverts à demi ;
Un songe l'enveloppe, un souffle la caresse ;
Et parce que l'effluve invincible l'oppresse,
Parce que son beau sein qui se gonfle a frémi,
Sortent de ses longs yeux entr'ouverts à demi
Deux rayons noirs, chargés d'une muette ivresse.

Et l'eau vive s'endort dans les porphyres roux,
Les rosiers de l'Iran ont cessé leurs murmures,
Et les ramiers rêveurs leurs roucoulements doux.
Tout se tait. L'oiseau grêle et le frelon jaloux
Ne se querellent plus autour des figues mûres.
Les rosiers de l'Iran ont cessé leurs murmures,
Et l'eau vive s'endort dans les porphyres roux.

Leconte de Lisle (1818-1894)

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"Existe-t-il un lieu plus propice à la rêverie qu’une véranda ? Dans l’imaginaire de tout un chacun, rêve et véranda sont corrélés. En premier lieu, par l’envol du [v] et la vibration du [ʀ]. Une balancelle entre le dedans et le dehors. Entre l’intime et l’étendu. Entre des mondes poreux dont les frontières s’estompent, qui laissent toujours filtrer un rai de lumière. Qui dit véranda dit aussi exubérance florale, chaleur tiède, même au plus vif de l’hiver. La véranda, ses verrières qui captent et le jour et la nuit, convoquent l’exotisme d’un monde floral odoriférant et une démultiplication amplifiée de l’univers."

Angèle Paoli, Terres de femmes 

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