lundi, octobre 19, 2015

Enfermements

Ile Sainte-Marguerite .
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Dans quatre cellules voisines de celles du mystérieux  Masque de Fer, 
le peintre Jean Le Gac a réalisé des fresques, dans des circonstances qu'il analyse ainsi:

« Il y a quelques années si je rêvais d’aller en prison pour y peindre tranquillement, ce n’était jamais sérieusement parce que je ne me faisais pas beaucoup d’illusions sur la possibilité de me consacrer à mon art entre mâton et misère sexuelle ; que j’ai pu y penser alors témoigne seulement de la part du peu de marge de manœuvre que me laissait ma vie familiale et matérielle. 


Je me le rappelais pendant ma visite de l’île, en parcourant la longue allée d’eucalyptus avec le conservateur du musée qui m’initiait au mystère du Masque de fer et à la longue histoire des prisonniers arabes du fort : « famille du Kalifa Mohamed Ben-Aallal ben Embareck, domestiques et trésoriers compris … famille de Kaddour Ben Rouyla premier secrétaire de Kalifa avec tout en bas du registre de contrôle Djobra leur négresse … famille de Chentouff caïd de Oued el Barmmam sans oublier Belal « nègre » affranchi à leur service … famille du frère de dahbou Ouls el Bachir, lequel a été tué … et tant d’autres.



D’un côté j’avais un homme sans visage, de l’autre trop de noms, de faits et d’Histoire, et toujours vivace en moi ce vieux désir d’enfermement pour tenter d’accomplir un ultime effort de concentration et percer la fine membrane qui me sépare de l’œuvre unique à laquelle je me sens préparé de longue date …


C’est dans cet état d’esprit du peintre prisonnier volontaire, que j’ai commencé le 2 juillet 1992 les peintures dans les cellules. »
— Jean Le Gac


Sur l'île, le musée de la mer
présentait, cet été,  une exposition des photos du land artiste 
Nils- Udo : sur l'eau 



5 commentaires:

  1. Il est vrai que le travail de l'artiste a besoin de solitude. Il a besoin de maintenir un lien serré entre son intériorité et le geste qu'il va poser. Un chouette reportage et la peinture de ces fresques parle sûrement à l'aquarelliste que tu es.

    Il manque un petit bout au volet vert à droite :-) mais tu as sûrement dû éliminer un élément perturbateur. Cela arrive souvent.

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    1. Le défaut de cadrage vient de la photo initiale: donc , amélioration impossible!

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    2. Tu as raison, j'aurais pu recâdrer en rognant plus à gauche et moins s à droite.
      La démarche de Jean Le Gac (que j'admire énormément ) porte à son maximum ce besoin d'intériorité.
      J'ai pensé à Stendhal ( la Chartreuse de Parme, Fabrice en prison , ds un registre différent) et à la série de Piranèse, "Mes Prisons"

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  2. As- tu regardé les photos de l'installation"sur l'eau"?
    Elles forment un merveilleux contrepoint aux images d'enfermement.

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  3. Oui, deux mondes le dedans et l'espace infini. Finalement nous avons besoin des deux : le dedans et le dehors vers l'infini...

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